« Stop and go » sur le marché des actions

Les marchés des actions ont atteint leur plus bas niveau début avril suite à l'annonce de mesures doua-nières draconiennes, avant une remontée fulgurante après leur suspension temporaire, en particulier aux États-Unis.

Auteur : Manuel Ferreira, stratège en chef de la Zürcher Kantonalbank

Depuis quelques semaines néanmoins, l’évolution des marchés des actions marque le pas, et les marchés obligataires américains et japonais envoient plutôt des signaux de tension. Serait-ce lié à la hausse des rendements des obligations japonaises, à la dégradation de la note de crédit des États-Unis par l’agence de notation Moody’s, ou au « One Big Beautiful Bill Act » de Donald Trump, qui fera grimper la dette publique américaine à 4 000 billions de dollars USD ? Si l’on retient la date de référence, la dégradation de la note de crédit des États-Unis d’Amérique le 19 mai 2025 a dû alarmer les marchés financiers. La dégradation de Moody’s a fait grimper les rendements américains. Deux jours plus tard, les rendements japonais ont augmenté.

Graphique 1 : Évolution des rendements des obligations d’État à 30 ans
En pourcentage

Sources : Zürcher Kantonalbank, LSEG Datastream

Cette interprétation n’est pas celle du secrétaire au Trésor des États-Unis, Scott Bessent, selon lequel la forte tendance haussière des rendements japonais a été le déclencheur des tensions sur le marché obligataire. En effet, on sous-estime souvent que les créanciers peuvent eux aussi souffrir de la dégradation de la solvabilité de leurs principaux débiteurs, et être en quelque sorte des « victimes collatérales ». Le Japon est le plus grand créancier des États-Unis.

Graphique 2 : Détenteurs étrangers de la dette souveraine américaine

Sources : Zürcher Kantonalbank, LSEG Datastream

L’adoption du paquet fiscal accroît massivement le fardeau de la dette

Entre-temps, l’attention des investisseurs s’est déplacée du conflit commercial vers les tensions liées à la politique fiscale aux États-Unis. L’intermède de la menace de droits de douane punitifs de 50% sur les importations de l’UE a certes eu un effet à court terme sur les marchés financiers, mais n’a pas entraîné de sérieuses incertitudes. Et les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine sont, comme les marchés des actions, en mode « stop and go ». Les réactions des marchés ont en revanche été mitigées après l’adoption du paquet fiscal par la Chambre des représentants américaine. Deux interprétations sont possibles : soit le résultat serré du vote en faveur de l’adoption a déçu, soit la dette supplémentaire de plusieurs billions de dollars inquiète autant qu’elle réjouit. Personnellement, je suis loin d’être un faucon en matière de politique fiscale, mais la nouvelle augmentation du déficit budgétaire dans un contexte de marché du travail saturé et de charge d’intérêts élevée m’interroge. De plus, côté dépenses, le secrétaire au Trésor des États-Unis, Scott Bessent, a déjà capitulé. Il souhaite désormais que l’inflation diminue le poids de la dette supplémentaire. Ce pourrait être le cas pour les actions américaines, si l’on ne tient pas compte des rendements élevés et de la dynamique de croissance plus faible due au conflit commercial.

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